Le 8 septembre 2025, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : deux minutes.
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Le 8 septembre 2025, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : deux minutes.
Tabagisme et santé publique
Le décret publié le 6 septembre 2025 interdit la vente des produits nicotiniques oraux sans tabac à partir de mars 2026, dans le cadre de la lutte contre l’addiction et pour protéger les adolescents des risques d’intoxication. L’industrie du tabac critique une « approche dogmatique » qui « privera les fumeurs adultes d’alternatives encadrées au tabac ».
La France franchit une nouvelle étape dans sa politique de santé publique avec l’interdiction des sachets de nicotine, effective dès mars 2026. Le décret publié au Journal officiel le 6 septembre 2025 vise à protéger particulièrement les jeunes contre ces produits jugés toxiques et addictifs.
Cette mesure s’inscrit dans la continuité des récentes interdictions : l’arrêt de la vente des cigarettes électroniques jetables depuis fin février 2025 et l’interdiction de fumer dans les espaces publics depuis le 1er juillet. Selon le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, cette décision répond à une urgence sanitaire, la nicotine étant désormais considérée comme une substance vénéneuse présentant un risque d’initiation au tabagisme chez les jeunes.
Les sachets de nicotine, également appelés pouches, constituent un phénomène récent mais en pleine expansion. Ces petits sachets sans tabac contiennent des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes, placés entre la lèvre et la gencive. Le marché mondial de ces produits représentait 6,6 milliards de dollars en 2023 et pourrait atteindre 27,4 milliards de dollars d’ici 2032 selon Global Markets Insights.
L’interdiction gouvernementale couvre l’ensemble des produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositifs médicaux. Sont notamment visés les sachets portions, les pâtes, billes, liquides, gommes à mâcher, pastilles et bandelettes. Les tabacs à chiquer traditionnels restent cependant autorisés.
L’Alliance contre le tabac salue cette « victoire » et dénonce les stratégies de l’industrie du tabac qui, face à la baisse de consommation de cigarettes dans les pays développés, se tourne vers ces nouveaux produits nicotiniques. L’organisation considère que ces sachets constituent un « nouvel eldorado financier des cigarettiers » et ne représentent nullement des outils de sevrage mais plutôt une extension du marché de l’addiction.
Les fabricants British American Tobacco France et Philip Morris France contestent fermement cette interdiction. Le premier dénonce une « approche dogmatique » privant les fumeurs adultes d’alternatives encadrées au tabac, tandis que le second critique une « stratégie d’interdiction inefficace ». La confédération des buralistes y voit quant à elle « une victoire annoncée pour les trafics ».
Cette interdiction trouve sa justification dans les données alarmantes de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). En novembre 2023, l’agence alertait sur l’augmentation des intoxications liées à ces produits, particulièrement chez les 12-17 ans. Ces sachets peuvent provoquer des syndromes nicotiniques aigus sévères : vomissements prolongés, convulsions, troubles de la conscience et hypotension nécessitant une hospitalisation.
Les billes aromatiques présentent également un risque spécifique d’accident domestique pour les enfants de moins de trois ans qui les ingèrent. Les appels aux centres anti-poisons concernant ces produits sont passés de trois en 2020 à 86 en 2022, illustrant l’ampleur du problème sanitaire.
Cette mesure témoigne de la volonté de Catherine Vautrin, ministre de la Santé, de lutter contre les risques liés aux addictions et de protéger particulièrement la jeunesse française des nouvelles formes de dépendance à la nicotine.
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