Le 29 mars 2025, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : trois minutes.


Protection renforcée des captages d’eau potable en France

Politique environnementale

Face à la fermeture de 14 000 captages d’eau en 40 ans, dont un tiers pour cause de pollution, le gouvernement français engage un plan ambitieux pour protéger ces ressources vitales. Une concertation nationale débutera en avril.

Série Fiat Lux / Israfil Dough
Série Fiat Lux / Israfil Dough © Urbanitas, 2025

Le gouvernement français a présenté vendredi une nouvelle feuille de route visant à renforcer la protection des captages d’eau potable face aux pollutions et au changement climatique. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a annoncé lors d’un déplacement à Lens (Pas-de-Calais) le lancement de travaux pour mieux identifier les captages les plus fragilisés et mettre en œuvre des mesures de protection renforcées.

L’alimentation en eau potable de la population française repose actuellement sur environ 32 900 captages, dont 96% prélèvent de l’eau souterraine et fournissent les deux tiers du volume d’eau consommé dans le pays. Pourtant, ce nombre diminue constamment : quelque 14 000 captages ont été fermés ces quatre dernières décennies, dont un tiers en raison de contaminations aux pesticides et aux nitrates rendant l’eau impropre à la consommation.

Le plan gouvernemental prévoit de cibler prioritairement les captages dits « sensibles » aux pollutions diffuses, qu’elles soient d’origine agricole ou industrielle. L’objectif annoncé est ambitieux : tripler le nombre de captages sécurisés pour atteindre environ 3000 sites protégés.

La France dispose actuellement d’environ 1500 captages considérés comme « sécurisés », dont 1100 ayant bénéficié de mesures spécifiques au cours des quinze dernières années. Pour identifier les prochains sites prioritaires, une concertation sera lancée dès avril 2025 avec la réactivation du « groupe national captages », réunissant collectivités, industriels de l’eau, représentants du monde agricole et ministères concernés.

Cette démarche collective doit aboutir, d’ici fin 2025, à un arrêté définissant précisément les captages nécessitant une protection prioritaire. Parallèlement, un guide opérationnel sera élaboré à destination des préfets pour assurer une gestion cohérente et relativement homogène sur l’ensemble du territoire national.

Pour financer ces mesures, le gouvernement prévoit de mobiliser 6,5 millions d’euros de crédits issus du plan Écophyto, la stratégie nationale de réduction des pesticides. Ce financement vise spécifiquement à « lever les blocages pour les captages les plus prioritaires ». Le ministère compte également s’appuyer sur les aides de la Politique agricole commune européenne pour accompagner les agriculteurs dans cette transition, ainsi que sur une enveloppe de prêts de deux milliards d’euros de la Banque des Territoires.

Cette annonce gouvernementale suscite néanmoins des critiques de la part des associations environnementales. Alexis Guilpart, chargé des questions eau à France Nature Environnement, déplore notamment une « procrastination » du gouvernement, soulignant que l’arrêté définissant les captages sensibles est attendu par les collectivités depuis deux ans. Il évoque également la crainte des autorités de « mettre de la tension avec une partie de la profession agricole ».

Sur la question sensible du financement des agences de l’eau par une augmentation de la redevance acquittée par les agriculteurs pour pollution diffuse, le ministère s’est montré prudent, évoquant simplement l’« objectif de redémarrer la négociation », tant avec le secteur agricole qu’avec les industriels concernant les « polluants éternels » ou PFAS.

Coïncidence notable, la régie publique Eau de Paris a déposé le même jour une plainte contre X, visant à faire payer les responsables de ce type de pollution et à mettre les autorités « face à leurs responsabilités ».


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Entités liées

Captage d’eau potable, pollution diffuse, pesticides, nitrates, plan Écophyto, PFAS (polluants éternels), Agnès Pannier-Runacher, ministère de la Transition écologique, France Nature Environnement, Politique agricole commune (PAC), Banque des Territoires, Eau de Paris


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