Sodas, fibres et produits du terroir : le nouveau Nutri-Score entre en vigueur en France

Santé publique et étiquetage nutritionnel

Le gouvernement français a validé vendredi la nouvelle version du Nutri-Score, un système d’étiquetage nutritionnel lié aux politiques de santé publique. Le nouvel algorithme devrait se montrer plus sévère pour certains produits transformés (notamment les plus pauvres en fibres), et cibler également les édulcorants des sodas, afin de limiter leur usage en substitution du sucre. L’adoption du nouvel étiquetage intervient après des tensions au sein de l’exécutif, la ministre de l’Agriculture s’inquiétant notamment d’un possible impact sur les produits du terroir.

Cinq ministres français au gouvernement – le ministre de l’Économie, M. Éric Lombard, les deux ministres de la Santé, M. Yannick Neuder et Mme Catherine Vautrin, la ministre de l’Agriculture Mme Annie Genevard et la ministre déléguée chargée du Commerce Mme Véronique Louwagie – ont annoncé le 14 mars 2025 dans un communiqué la signature de l’arrêté modifiant les règles de calcul du Nutri-Score, système d’étiquetage nutritionnel qui classe les produits alimentaires de A à E selon leur composition.

Cette nouvelle version, plus exigeante pour certains produits transformés, vise à « lutter contre le surpoids, l’obésité » et leurs conséquences comme « les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers », selon Catherine Vautrin, ministre de la Santé.

Le feu vert gouvernemental semblait pourtant loin d’être acquis la semaine précédente. Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, avait publiquement assumé bloquer la publication de l’arrêté, reprochant au Nutri-Score de donner une mauvaise note aux produits « remarquables » du terroir, notamment les fromages et la charcuterie.

Produits du terroir

« La santé et l’alimentation sont indissociables. Une alimentation équilibrée, sûre, saine et diversifiée est essentielle pour garantir une bonne qualité de vie, maintenir une forme physique satisfaisante et prévenir les maladies chroniques. Dans ce contexte, les ministres Catherine Vautrin, Annie Genevard, Éric Lombard, Yannick Neuder et Véronique Louwagie partagent un engagement commun pour promouvoir ce modèle alimentaire en le rendant accessible à tous. »

Pour répondre à ces préoccupations, les ministres assurent qu’ils seront « attentifs à ce que ce système ne nuise pas aux produits issus de la richesse de nos terroirs et symboles de notre patrimoine culinaire ». Ils entendent rester « vigilants aux effets de bord » que la nouvelle méthode de calcul pourrait engendrer pour les produits issus du savoir-faire français, qui « offrent des bienfaits nutritionnels reconnus lorsqu’ils sont consommés selon les repères nutritionnels », comme ceux publiés par le portail de santé MangerBouger.

Serge Hercberg, professeur de nutrition et co-concepteur du Nutri-Score, se réjouit de cette décision qu’il qualifie de « victoire de la santé publique ». Le communiqué ministériel précise que le nouveau calcul « est issu des travaux d’un comité scientifique européen composé d’experts indépendants, qui ont passé en revue la littérature scientifique internationale pendant 18 mois ».

Les modifications apportées donnent désormais plus de points négatifs à la viande (hors volaille) en raison de son lien avec le risque de cancer colorectal, aux boissons édulcorées, ainsi qu’aux produits sucrés et salés. Le nouveau mode de calcul améliore également la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et en sucre, ainsi que la classification des poissons gras et des huiles moins riches en acides gras saturés.

« Les évolutions prévues par cet arrêté permettent notamment d’améliorer la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et sucres et celle entre les aliments complets riches en fibres et leurs alternatives raffinées. Elles améliorent en outre la classification des poissons gras (sources d’oméga 3) et des huiles moins riches en acides gras saturés ainsi que la différenciation entre les boissons selon leur teneur en sucres tout en prenant en compte la présence d’édulcorants pour limiter leur usage en substitution du sucre. »

Actuellement, plus de 1450 marques ont adopté le Nutri-Score en France, ce qui représente 62 % des produits emballés vendus. Les entreprises engagées dans cette démarche volontaire disposent de deux ans pour mettre à jour leurs emballages avec le nouveau système.

L’association de consommateurs Foodwatch y voit une victoire de « la mobilisation citoyenne contre les lobbies agroalimentaires » et continuera de « batailler pour que le logo devienne obligatoire sur tout le continent ».

Adopté en France depuis octobre 2017, le Nutri-Score « constitue aujourd’hui un outil de santé publique au service des consommateurs », toujours selon le communiqué des ministres. Il permet d’éclairer et d’orienter dans un sens plus favorable à la santé les choix de consommation et d’alimentation, souvent influencés à rebours par les pratiques de « packaging » des industriels de l’agroalimentaire.

Urbanitas.fr

Ressources et portails

Ressource : Nutri-Score : Catherine Vautrin, Annie Genevard, Éric Lombard, Yannick Neuder et Véronique Louwagie signent l’arrêté du Nutri-Score tout en demandant une démarche d’amélioration continue du dispositif (agriculture.gouv.fr)

Ressource : Nutri-Score. Tout ce qu’il faut savoir sur la marque Nutri-Score (santepubliquefrance.fr)

Portail : Manger Bouger (mangerbouger.fr)

Ressource : Serge Hercberg, combattant de la nutrition (radiofrance.fr)

Entités liées

Nutri-Score, santé publique, obésité, étiquetage nutritionnel, ministère de la Santé, ministère de l’Agriculture, produits du terroir, Commission européenne, industrie agroalimentaire, Serge Hercberg.