Les pastilles d’hydratation, un marché en plein essor aux promesses toutes marketing

Santé et alimentation

Des marques comme Hydratis, Waterdrop ou Lxir commercialisent des pastilles censées améliorer l’hydratation. Malgré leur succès commercial et leur large promotion sur les réseaux sociaux, les experts dénoncent des promesses marketing sans fondement scientifique.

L’été 2025 voit fleurir un nouveau phénomène commercial dans les pharmacies françaises : les pastilles d’hydratation. Ces comprimés effervescents, menés par la marque Hydratis mais incluant également Waterdrop ou Lxir, promettent d’améliorer significativement notre hydratation quotidienne. Positionnés stratégiquement près des caisses des officines et affichés dans le métro parisien, ces produits surfent sur l’inquiétude estivale liée à la déshydratation.

Le succès de ces pastilles repose largement sur les réseaux sociaux, notamment TikTok où des utilisatrices et influenceuses se font l’écho des marques, moyennant rémunération ou pas, et vantent les mérites de ces produits « pour sortir tous les soirs sans être fatiguée ». Une vidéo promotionnelle a ainsi dépassé les 150 000 vues. Les fabricants s’appuient sur un sondage Ifop réalisé en juin 2025 pour Hydratis, révélant que 78 % des Français n’atteignent pas les recommandations de l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses) de boire 1,5 à 2 litres d’eau quotidiennement.

Ces comprimés, composés d’un mélange de sucre, sel, potassium, chlorure, magnésium et zinc, sont présentés comme la solution pour compenser la perte d’électrolytes lors de la transpiration, particulièrement à destination des sportifs ou durant les journées caniculaires intenses. Les marques proposent par ailleurs diverses saveurs attractives – kiwi, pêche, fruits des bois... – renforçant le caractère ludique du produit.

Cependant, la communauté médicale se montre unanimement critique envers ces produits. Violette Babocsay, diététicienne spécialisée dans la lutte contre la désinformation nutritionnelle, souligne que la recommandation de l’Anses constitue un simple repère et ne signifie nullement qu’une majorité de Français souffrent de déshydratation : la spécialiste de la nutrition rappelle ainsi que l’alimentation peut fournir en moyenne un litre d’eau au quotidien, les fruits et légumes contenant 80 à 90 % d’eau, la viande rouge 60 à 70 %.

Concernant la compensation des électrolytes, Mme Babocsay précise qu’elle ne devient nécessaire que pour des efforts prolongés exceptionnels – comme un marathon de quatre heures, par exemple – et non pour une séance de sport d’une trentaine de minutes. Basile Chaix, directeur de recherche à l’Inserm, confirme cette position y compris pour les travailleurs exposés à la chaleur qui transpirent plusieurs litres quotidiennement.

Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste, qualifie ces pastilles de produits « sans aucun intérêt », relevant du « marketing pur et simple ». Il s’inquiète particulièrement de leur dimension ludique qui pourrait détourner les consommateurs des principes fondamentaux d’hydratation. L’ajout systématique d’arômes risque, selon lui, de déshabituer les utilisateurs à boire de l’eau pure.

La diététicienne Violette Babocsay dénonce également l’ajout de sucre et de sel dans ces produits, alors que la population en consomme déjà excessivement. Elle s’attaque en outre aux « croyances » infondées propagées par ces marques, notamment l’idée que l’eau seule ne suffirait pas pour une hydratation optimale, ou que ressentir la soif indiquerait déjà un état de déshydratation responsable de fatigue ou maux de tête.

Basile Chaix met en garde contre les « effets pervers » potentiels de ces produits : en prétendant optimiser l’hydratation, ils pourraient paradoxalement réduire l’attention portée à une hydratation naturelle régulière. Pour Arnaud Cocaul, même sans danger direct, ces pastilles constituent « un mauvais signal de santé publique », et détournent l’attention des véritables enjeux nutritionnels.

Cette polémique illustre plus largement les dérives du marketing nutritionnel, exploitant les préoccupations légitimes de santé publique pour commercialiser des produits aux bénéfices non démontrés.

Urbanitas.fr

Quiz

Recommandations hydratation Anses. — Selon l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses), quelle est la quantité d’eau recommandée par jour pour un adulte ?

A. 1 à 1,5 litre par jour. — B. 1,5 à 2 litres par jour. — C. 2 à 2,5 litres par jour.

1,5 à 2 litres par jour

Composition pastilles hydratation. — Les pastilles d’hydratation commercialisées en 2025 contiennent principalement quel type d’ingrédients ?

A. Uniquement des vitamines et minéraux. — B. Du sucre, du sel et des électrolytes comme le potassium. — C. Des protéines et des acides aminés essentiels.

Du sucre, du sel et des électrolytes comme le potassium

Apport hydrique alimentation. — Selon les professionnels de santé, quelle quantité d’eau l’alimentation quotidienne apporte-t-elle approximativement ?

A. Environ 500 ml. — B. Environ 1 litre. — C. Environ 1,5 litre.

Environ 1 litre

Efficacité électrolytes sport. — D’après la diététicienne Violette Babocsay, à partir de quelle durée d’effort les électrolytes deviennent-ils réellement nécessaires ?

A. Dès 30 minutes d’activité physique. — B. Après plusieurs heures d’effort intense comme un marathon. — C. Après 1 heure d’exercice modéré.

Après plusieurs heures d’effort intense comme un marathon

Position experts pastilles. — Quelle est la position unanime des professionnels de santé consultés concernant l’intérêt des pastilles d’hydratation ?

A. Elles sont recommandées en cas de forte chaleur. — B. Elles n’ont aucun intérêt et relèvent du marketing. — C. Elles peuvent être utiles occasionnellement.

Elles n’ont aucun intérêt et relèvent du marketing

Aller plus loin

Ressource : Eau en bouteille ou eau du robinet : bonnes pratiques de consommation (anses.fr)

Ressource : Vos besoins nutritionnels (efsa.europa.eu)

Entités liées

Hydratation – Déshydratation – Électrolytes – Compléments alimentaires – Marketing nutritionnel – Anses – Désinformation médicale – Réseaux sociaux santé