Le 11 mai 2025, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : trois minutes.
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Le 11 mai 2025, par Urbanitas.fr. Temps de lecture : trois minutes.
Examen parlementaire d’une proposition de loi
L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), des scientifiques et des élus ont exprimé une vive opposition à la proposition de loi Duplomb, examinée à l’Assemblée nationale et visant à autoriser à nouveau l’usage de néonicotinoïdes pour certaines cultures. Ces insecticides, interdits en France depuis 2018, sont jugés désastreux pour les populations d’abeilles et la filière apicole. Le débat met en lumière un conflit entre la défense de la souveraineté alimentaire et la protection de la biodiversité et des pollinisateurs.
La perspective d’un retour des néonicotinoïdes en France suscite une vive opposition. L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), aux côtés de scientifiques et d’élus, a manifesté son inquiétude face à l’examen par l’Assemblée nationale d’une proposition de loi qui envisage de lever l’interdiction de ces pesticides pour certaines cultures spécifiques, notamment la noisette et la betterave.
Ce texte législatif, initié par le sénateur Les Républicains Laurent Duplomb, ambitionne de simplifier l’exercice du métier d’agriculteur et prévoit une réintroduction dérogatoire de pesticides de la famille des néonicotinoïdes. Ces substances sont prohibées en France depuis 2018, bien que leur usage reste autorisé au niveau européen jusqu’en 2033. Après avoir été approuvé par le Sénat, le texte est désormais soumis à l’examen des députés en commission avant une potentielle discussion en séance publique fin mai.
Christian Pons, président de l’Unaf, a exprimé son indignation lors d’une conférence de presse tenue à l’Assemblée nationale. Il s’est interrogé sur la logique de sacrifier la filière apicole au profit d’autres secteurs, remettant en question l’argument de la souveraineté alimentaire avancé pour justifier cette réintroduction.
Yves Delaunay, apiculteur en Vendée et vice-président de l’Unaf, a apporté un témoignage poignant des conséquences désastreuses des néonicotinoïdes sur les colonies d’abeilles. Il a décrit une chute drastique de la production de miel depuis l’introduction de ces insecticides dans les années 1990, passant de 80 kg par ruche à seulement 5 kg. Il a également évoqué le désarroi et le désespoir de nombreux agriculteurs confrontés à ces pertes, allant jusqu’à des cas de suicide.
M. Delaunay a raconté la désorientation des abeilles, leur incapacité à retrouver la ruche et leur mort massive dans les champs, y compris dans les fleurs de tournesol. Il a insisté sur la nécessité d’éviter de reproduire ces conséquences néfastes.
Philippe Grandcolas, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a corroboré ces témoignages en rappelant que les études scientifiques mettent en évidence un déclin significatif, de l’ordre de 70 à 90 %, des populations d’insectes dans les zones agricoles fortement exposées aux pesticides. Il a souligné l’importance de la pollinisation par les insectes pour la production agricole, estimant les pertes de productivité à environ 30 % pour le colza en cas de déclin des pollinisateurs.
Le chercheur a également mis en lumière la persistance de certains néonicotinoïdes comme l’acétamipride dans les sols pendant plusieurs décennies et l’augmentation de leur toxicité au contact de fongicides couramment utilisés dans les parcelles agricoles. Selon le CNRS, la production de miel en France a été divisée par deux entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2010, période coïncidant avec l’introduction massive de ces substances.
À l’opposé, Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), a exprimé un avis favorable à cette proposition de loi, la considérant comme un moteur nécessaire au redémarrage de l’agriculture française. Outre l’autorisation de l’acétamipride, la FNSEA attend de ce texte une simplification des procédures pour les éleveurs et un meilleur accès à l’eau.
La commission du développement durable de l’Assemblée nationale a entamé l’examen de la proposition de loi et a notamment supprimé l’article 5. Cet article visait à déclarer d’intérêt général majeur les projets de prélèvement et de stockage d’eau dans certaines zones, leur permettant de déroger à certaines réglementations environnementales, et créait une nouvelle catégorie de zone humide, les zones humides fortement modifiées (ZHFM), susceptibles d’être soumises à des travaux sans compensation environnementale. La rapporteure Sandrine Le Feur (Renaissance), soutenue par la gauche et le Mouvement démocrate (MoDem), a défendu cette suppression. L’examen du texte se poursuivra la semaine prochaine devant la commission des affaires économiques.
M. Rousseau a vivement réagi à cette suppression sur le réseau social X, interpellant Marc Fesneau, ancien ministre de l’Agriculture et actuel président du groupe MoDem, en questionnant la cohérence de cette décision.
Urbanitas.fr
Ressource : Les néonicotinoïdes (anses.fr)
Ressource : Proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur (assemblee-nationale.fr)
Ressource : Expérimentation d’une nouvelle méthode pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse de la betterave à sucre (agriculture.gouv.fr)
Ressource : Pesticides néonicotinoïdes. Tendances, usages et modes d’action des métabolites (hal.science)
Néonicotinoïdes, Union nationale de l’apiculture française (Unaf), Assemblée nationale, Sénat, Laurent Duplomb, Christian Pons, Yves Delaunay, Philippe Grandcolas, CNRS, Arnaud Rousseau, FNSEA, Acétamipride, Commission du développement durable, Sandrine Le Feur, Renaissance, Mouvement démocrate (MoDem), Marc Fesneau, souveraineté alimentaire, pollinisateurs, biodiversité.
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